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Crise de la dette, crise du capitalisme !

Crise de la dette, crise du capitalisme !

Mis en ligne le 25 septembre 2011 Convergences Monde

La dette publique, dite aussi « souveraine », c’est-à-dire la dette de l’État dans son ensemble, n’est pas une nouveauté, ni son hypertrophie une anomalie qu’il s’agirait juste de corriger. Elle est intrinsèquement liée au capitalisme, depuis ses origines. Elle est un des plus puissants moyens collectifs, « socialisé » pourrait-on dire, de la classe capitaliste, pour drainer à elle, notamment par le biais de l’impôt, une partie des revenus des couches pauvres et en faire du capital vivant. Elle est un des moyens de la lutte du capital contre le travail.

Marx la décrivait en ces termes, dans Le Capital [1]  :

« La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. […]. La dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette, elle gratifie l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée. Les créditeurs publics, à vrai dire, ne donnent rien, car leur principal, métamorphosé en effets publics d’un transfert facile, continue à fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire. […] La dette publique a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage, en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne. » […]

« Les emprunts, qui mettent les gouvernements à même de faire face aux dépenses extraordinaires sans que les contribuables s’en ressentent sur le champ, entraînent à leur suite un surcroît d’impôts  [2] ; de l’autre côté, la surcharge d’impôts causée par l’accumulation des dettes successivement contractées contraint les gouvernements, en cas de nouvelles dépenses extraordinaires, d’avoir recours à de nouveaux emprunts », ajoutait Marx. Qui soulignait ainsi « la grande part qui revient à la dette publique et au système de fiscalité correspondant, dans la capitalisation de la richesse et l’expropriation des masses… »

C’est le vif du sujet aujourd’hui. Pour faire face à la course aux taux d’exploitation et de profits sur l’arène mondiale, sur fond de folie de leurs combines financières, les industriels et les banquiers ont fait exploser les déficits publics, plus particulièrement ces toutes dernières années, quand il a fallu colmater la crise des subprime, devenue crise bancaire généralisée à l’été 2008. L’insolvabilité des États a grandi à tel point qu’il leur a fallu emprunter à leur tour à la finance à des taux insupportables pour les plus faibles d’entre eux. En cela, les dettes publiques ont bel et bien été les refuges et pompes à fric du capital. Soit dit en passant, ce ne sont pas les pays les plus endettés, USA ou Japon, qui sont les plus déstabilisés, mais ceux que les créanciers tiennent le plus à la gorge et dont ils sont aisément en mesure d’exiger de plus hauts rendements à leurs prêts… mais comme disait Marx, par « l’expropriation des masses ». Par l’augmentation des impôts indirects, les plus injustes, par ces plans d’austérité qui en cachent toujours un autre. Qui rognent toujours davantage les salaires, les retraites, les emplois, la santé ou l’éducation.

On est en plein dans cette « capitalisation » d’un côté, cette « expropriation » de l’autre. Les ravages sont bien pires en Asie, Afrique ou Amérique latine, qu’ils ne le sont encore en Europe ou aux USA. Mais la machine infernale est en marche, que n’arrêteront pas les dénonciations platoniques de l’inégalité sociale ni les promesses homéopathiques de la gauche aux présidentielles de 2012, laquelle s’engage surtout, comme la droite, à la rigueur… envers les classes populaires.

Ce que cristallise aujourd’hui la crise des dettes publiques, c’est le rapport de forces en défaveur des travailleurs. Patronat et banquiers pensent qu’ils peuvent impunément creuser les déficits de l’État, parce que ces derniers sauraient se payer sur les classes populaires.

Jusque-là effectivement, mais pas sans réactions.

De la Grèce à l’Espagne, d’Israël à l’Italie, du monde arabe à la Grande-Bretagne, la tolérance des peuples a montré des limites. Des mobilisations, révoltes voire révolutions de travailleurs et de jeunes ont mis à l’ordre du jour des revendications de « pain et dignité », c’est-à-dire l’aspiration à pouvoir vivre, alliée à celle de pouvoir décider et contrôler l’économie et la société. Elles doivent devenir un programme explicite, mis en avant dans les mobilisations à venir, qui devront s’encourager et converger à la plus vaste échelle possible.

Par-delà leurs rivalités exacerbées, les bourgeoisies et leurs États ont su échafauder les mêmes plans scélérats contre les travailleurs. Ces derniers doivent se défendre en se donnant la perspective commune d’une riposte généralisée, par delà les frontières.

Le 16 septembre 2011


[1Karl Marx, Le Capital chapitre XXXI du Livre I

[2Bien entendu, un siècle et demi après Marx, les États ont fait preuve de beaucoup d’imagination dans les moyens techniques de « l’expropriation des masses » et de la « capitalisation de la richesse », bien au-delà de la ponction du contribuable (et tout dépend duquel).

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Numéro 77, septembre-octobre 2011

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