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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 6, novembre-décembre 1999 > DOSSIER : Sécurité sociale, hôpitaux, santé : les réformes de l’austérité

DOSSIER : Sécurité sociale, hôpitaux, santé : les réformes de l’austérité

Couverture Maladie Universelle : Un geste pour les plus pauvres … et pour les requins de l’assurance

Mis en ligne le 1er décembre 1999 Convergences Politique

L’augmentation du chômage et les économies réalisées dans le domaine de la santé publique par les gouvernements de droite et de gauche ont contribué à dégrader la situation de centaines de milliers d’hommes et de femmes. Exclus de la protection sociale par la faiblesse ou l’absence de revenu, de nombreux chômeurs, Rmistes, SDF ou tout simplement smicards et précaires sont contraints de limiter voire de renoncer à se soigner. 40 % des chômeurs ne possèdent pas de couverture complémentaire. Le renoncement à des soins nécessaires concernerait, sur un an, 14 % de la population.

Le projet de couverture maladie universelle (CMU) est présenté par la gauche plurielle comme une réponse à cette situation. Annoncée en 1997, cette loi prendra effet début 2000, et instaure l’affiliation automatique au régime de base de la sécurité sociale dès l’âge de seize ans. Elle prévoit aussi l’adhésion gratuite à un régime complémentaire pour celles et ceux dont le revenu est inférieur à 3500 francs mensuel (5250 francs pour un couple, 6300 francs avec un enfant et 7700 pour deux enfants). Ce seraient ainsi entre 150 000 et 200 000 personnes, selon les chiffres officiels, qui seraient réintégrées dans le régime général. Quant au dispositif complémentaire, il devrait concerner environ six millions de personnes.

La loi CMU comporte bien des limites car le gouvernement Jospin, comme son prédécesseur, inscrit son action en matière de lutte contre la précarité sociale dans le cadre étriqué de la « maîtrise » des dépenses de santé. La mesure coûterait 9 milliards. Rien au regard des cadeaux offerts au patronat. D’autant qu’une partie étant couverte par des transferts dans les budgets, la dépense nouvelle n’est que de 1,7 milliard. Il aurait suffit, par exemple, de 3 milliards supplémentaires pour permettre d’étendre cette mesure aux revenus inférieurs à 3800 francs, c’est à dire le seuil de pauvreté. Ainsi, les dizaines de milliers de retraités pauvres ne touchant que le minimum vieillesse ne pourront pas bénéficier de cette loi. Sans parler des sans-papiers qui se retrouvent écartés de cette mesure. L’universalité a des limites que l’hypocrisie des Jospin et Aubry ne veut pas franchir.

Et surtout, la CMU donne l’occasion au gouvernement d’offrir aux compagnies d’assurances un nouvel accès au pactole de la protection sociale. La loi prévoit en effet que la couverture complémentaire pourra être souscrite indifféremment auprès des mutuelles ou des assureurs privés, l’Etat se chargeant de rembourser les dépenses engagées. De plus, les assureurs participeront au conseil de surveillance du fonds de financement de la CMU. On le voit encore avec cette loi, la gauche plurielle ne rate jamais une occasion de faire des cadeaux au patronat.

Le 1er novembre 1999, Eric PERREUX

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