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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 39, mai-juin 2005

Contrôleurs agressés... par la SNCF

Mis en ligne le 2 mai 2005 Convergences Entreprises

SNCF : dégradation des salaires et des conditions de travail

Agents de conduite, contrôleurs, commerciaux : comme on peut le voir dans ces pages, pas une catégorie dont les conditions de travail comme les salaires ne soient dégradés. Les cheminots, souvent présentés comme des privilégiés, en particulier sous le prétexte qu’ils auraient une garantie de l’emploi, partagent bien le sort commun de toute la classe ouvrière. Pas à s’étonner si celle-ci, malgré la propagande patronale et gouvernementale, a montré lors des récents mouvements qu’elle était dans son immense majorité systématiquement solidaire de leurs luttes. En attendant le nécessaire et justifié mouvement d’ensemble public-privé, souhaité par beaucoup de part et d’autre.


En Ile-de-France, les contrôleurs des lignes de banlieue sont de plus en plus exposés aux agressions. En cause : l’environnement social dégradé, mais pas seulement. La politique de la direction de la SNCF y est aussi pour beaucoup.

Le métier de contrôleur ne se résume pas à verbaliser les fraudeurs. Il comporte aussi les fonctions de présence à bord des trains, pour accompagner les voyageurs, les renseigner, s’assurer de leur confort et de leur sécurité : réglage de la climatisation, fermeture des portes, etc.

Or de plus en plus, la SNCF met l’accent sur le volet répression. Elle martèle qu’il faut atteindre « la norme », c’est-à-dire contrôler 100 % des trains et 1,5 % des voyageurs dans le mois. Des notes de service viennent rappeler à l’ordre les équipes qui auraient tendance à se montrer un peu trop conciliantes. Par exemple, il arrive que des touristes se rendant à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle demandent au guichet un billet pour « Charles-de-Gaulle » et qu’on leur vende un titre de transport pour « Charles-de-Gaulle Étoile », sur les Champs Élysées. Or Roissy est situé en zone 5 et Étoile en zone 1. Avant, les contrôleurs se contentaient de leur faire un tarif guichet, maintenant, ils doivent verbaliser.

La structure de la paie vient renforcer cette orientation : le salaire de base est d’environ 1 200 euros et ce sont les primes qui viennent le compléter, dans une proportion non négligeable. Ces EVS (Éléments variables de solde) sont attribués en fonction de différents critères, dont le nombre d’amendes perçues. Les contrôleurs touchent 84 centimes par procès-verbal dressé, plus 4 % du montant de l’amende reçue en paiement différé mais 10 % si elle est perçue immédiatement.

Il est évident que cette prime pousse à dresser un certain nombre de procès-verbaux et à obtenir un paiement immédiat, ce qui peut multiplier les situations délicates pour l’agent. C’est aussi une pression qui s’exerce à l’encontre de la solidarité entre contrôleurs en instituant entre eux une concurrence à qui dressera le plus grand nombre de procès-verbaux. Heureusement, certains groupes de contrôleurs - en banlieue les opérations à bord des trains se font toujours en « brigades » de cinq - refusent cette forme d’individualisation du salaire, en mettant en commun le nombre de procès-verbaux dressés et d’amendes perçues chaque mois, de manière à se partager la prime qui correspond. Et il est important de maintenir cette solidarité afin que, habitués à travailler ensemble et chacun gardant un œil sur les autres, tous soient prêts à intervenir ensemble en cas de difficulté.

La même volonté d’accroître « la productivité » se manifeste de bien d’autres façons. Ainsi un accord local sur Paris-Nord permettait jusque là de passer cinq heures au maximum par journée travaillée à verbaliser dans les trains (auxquelles s’ajoutent bien entendu les temps d’attente et autres contraintes du métier). La direction voudrait maintenant faire passer le temps de contrôle effectif à bord des trains de cinq heures à six heures trente. Et dans le même temps la même direction de Paris-Nord a décidé de supprimer 20 postes au contrôle. Pourtant déjà en banlieue, quand un collègue est malade, il n’est pas rare de voir des brigades de quatre au lieu des cinq réglementaires.

La SNCF fait beaucoup de bruit autour des agressions dont sont victimes « ses » contrôleurs. Ceux-ci peuvent juger de la sincérité de ces plaintes quand, au moment où les agressions sont toujours plus fréquentes, elle supprime encore des effectifs !

L.G.

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Réactions à cet article

  • Je suis controleuse et d’accord avec cet article (merci d’expliquer les choses aussi justement), sauf sur un point qui demande à être éclairci : Les primes (EVS), constituent effectivement une grande partie de notre salaire, ce sont des primes de travail de nuit, dimanches et jours fériés par exemple. Mais la prime de « perceptions » ne nous nourrit pas. Il faut un minimum de 30 euros de pourcentage d’encaissement sur le mois pour commencer à toucher quelque chose. En clair, 36 pv établis en un mois ne donne droit à rien. (36X0.84= 30.24) Pour 37 pv, on touchera 84 centimes. Sachant que la moyenne française est bien inférieure à cela, plutot proche des 10 pv par mois. Personnellement, je fleurte plutot avec les 4 euros par mois pour les bons mois... Les jours de congés ne sont pas calculés au prorata, donc ces mois-là, même si on travaille 3 semaines sur le mois, la prime est perdue. Sur un an, je touche environ 30 euros... Pas de quoi se faire agresser pour ça. Les clients qui ont décidé d’être agressifs le seront que l’ont verbalise ou non. Faut-il avoir peur d’eux et laisser les honêtes gens payer pour eux en augmentant le prix du billet ?

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