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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 24, novembre-décembre 2002 > DOSSIER : Pétrole : ces trusts qui saignent la planète

Congo : Quand Elf s’en va-t-en guerre…

22 novembre 2002 Convergences Monde

A ce jour, la dernière guerre ouverte pour le pétrole porte la marque de la France. Au Congo-Brazzaville, en 1997, le pouvoir du président Lissouba était chancelant, ses caisses vides, et son rival, l’ancien dictateur de 1979 à 1992, Denis Sassou Nguesso, constituait une véritable armée privée pour reprendre le pouvoir. Pour payer ses fonctionnaires et… des armes, Lissouba oscilla entre chantage et servilité à l’égard d’Elf, trust hégémonique au Congo dont il produit 80 % du pétrole, et qui jusque là, l’avait arrosé personnellement sans trop regarder.

Le dictateur releva la part des revenus pétroliers que les compagnies doivent reverser au trésor public congolais de 17 à 33 %, et pire, décida de mettre Elf en concurrence avec la compagnie américaine Oxy, qui lui avança 150 millions de dollars en échange du droit d’exploiter une concession. Cela suffit à Elf pour miser à nouveau sur Sassou, qui avait été un partenaire fiable pendant sa dictature. Il avait beaucoup aidé, semble-t-il, Elf et l’Etat français à échanger avec le pouvoir angolais des armes contre des droits d’exploitation sur des champs pétrolifères gigantesques.

La guerre civile commença en juin 1997, les combats ravagèrent la capitale et firent environ 20 000 morts. Financé par Elf et soutenu par des troupes angolaises que la firme pétrolière française aida à débarquer, Sassou l’emporta et prolongea sa victoire par de véritables massacres ethniques dans les quartiers pauvres, qui auraient fait 100 000 morts en trois ans.

Pour Elf et la France, cette guerre du pétrole fut un franc succès : la primauté française dans la région était réaffirmée, les compagnies américaines mises à distance, et le nouveau dictateur signa avec Elf (fusionnée maintenant avec Total) des contrats exceptionnellement favorables. La firme paye très peu d’impôts sur ses profits, tout en versant un « bonus » personnel à Sassou. Fin 1998, dans l’émission « Capital » de M6, à la remarque du journaliste : « C’est quand même malheureux qu’ils (les Congolais) se soient massacrés avec notre argent ! », un haut responsable d’Elf répondait : « Dans ce cas oui, c’est un gâchis. Mais nous ne sommes pas des sentimentaux ! nous sommes des gens réalistes, qui gagnons de l’argent : avec qui, cela nous est égal. »

B. R.

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