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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 16, juillet-août 2001

Citroën Rennes : la valse des précaires

Mis en ligne le 1er août 2001 Convergences Entreprises

L’usine de Citroën de Rennes comptait en avril dernier plus de 13 000 travailleurs, dont 2800 intérimaires et 1050 CDD : 29 % des effectifs étaient donc des travailleurs temporaires. Parmi ces contrats, la plupart sont illégaux, car renouvelés plusieurs fois de suite (la loi n’autorisant qu’un renouvellement). Beaucoup d’intérimaires le sont depuis plus de deux ans (le record, c’est 12 ans !), enchaînant des contrats d’un mois.

Des paquets d’intérimaires kleenex… qui ne se laissent pas entièrement faire

Pour lancer sa nouvelle Xsara et la C5, et mettre en place une équipe de nuit, Citroën a augmenté le nombre d’intérimaires de 1700 à 2800, de juin 2000 à avril 2001. Et puis, les nouvelles productions étant mises en place, le 27 avril dernier la direction a viré en bloc 1000 intérimaires et CDD (des CDD pour lesquels le groupe PSA a touché plusieurs millions de francs d’aides de l’Etat sous prétexte de « formation professionnelle »), et encore 250 intérimaires ensuite. En même temps les cadences ont augmenté et plusieurs samedis travaillés ont été imposés, ou sont prévus pour les mois à venir.

Mais le 27 avril parmi les centaines de précaires en fin de contrat, l’ambiance était à la désillusion, au ras-le-bol et à la rancune. Citroën avait fait miroiter l’embauche en CDI à nombre de ces jeunes qui croyaient être sortis de la galère de l’intérim à répétition. Tout au long de leur dernière semaine, les actes de vandalisme vengeur se sont multipliés. Dans ce contexte, le 26 avril, la CGT-Citroën a organisé – à la va-vite et timidement - avec la CGT-intérim deux rassemblements successifs sur le parking de l’usine pour protester contre cette charrette de fins de contrat. En revanche, il n’y a pas eu d’appel au débrayage. Pourtant environ 60 intérimaires ont décidé de débrayer pour aller rejoindre les délégués syndicaux aux deux rassemblements du 26 avril, et des dizaines de salariés temporaires ont arrêté spontanément le travail le 27 lors de leurs dernières heures et ont semé le désordre dans cette usine où règne d’habitude l’ordre patronal le plus sévère.

Chômage technique imposé… pendant l’ « augmentation temporaire d’activité » !

Ainsi avec la complicité de l’Etat, Citroën qui a fait 8,6 milliards de profits en 2000 jongle avec l’argent du contribuable, l’emploi de centaines de travailleurs et les conditions de travail de milliers d’autres. Pourtant, non content d’abuser à sa guise du recours à l’intérim, Citroën veut aussi établir de nouvelles règles d’exploitation et de rémunération des intérimaires.

Conséquence de sa politique chaotique de flux-tendu, Citroën a en effet imposé à plusieurs reprises, au dernier moment, des journées non travaillées entre juillet 2000 et mars 2001. Pour les CDI et les CDD, l’accord RTT permet ce genre de caprices patronaux. En ce qui concerne les intérimaires, dans des situations similaires dans le passé, les agences d’intérim payaient les intérimaires pour chômage partiel. Cette fois-ci, Citroën et les agences n’ont déposé aucune demande de chômage partiel auprès de la direction départementale du travail, et Citroën a officieusement ordonné aux agences de ne rien verser aux intérimaires pour ces journées non travaillées. Ainsi la direction n’a pas eu à payer ces journées aux agences, tout en leur faisant assumer la responsabilité des trous sur la fiche de paye !

Le non-paiement des intérimaires par les agences a été qualifié d’illégal par l’inspecteur du travail. Et neuf intérimaires, avec l’aide de la CGT-intérim, ont osé porter plainte contre leurs agences de travail temporaire devant le conseil des prud’hommes pour non respect du contrat de travail. Le procès a eu lieu le 3 mai. Son résultat sera connu le 12 juillet.

24 juin 2001 H.R.

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