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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 113, juin-juillet-août 2017

Chez les cartographes de l’IGN, un début de lutte contre la précarité

L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) est un établissement public qui opère dans la cartographie. Sur ses 1 700 agents, principalement fonctionnaires, une centaine est en CDD sur des postes pourtant permanents. Las de cette situation, qui rend difficile de se projeter dans l’avenir, mais aussi de louer un logement ou de prendre un crédit, une vingtaine d’entre eux ont initié une mobilisation pour obtenir la CDIsation de tous les précaires de l’institut.

La direction accuse les coupes budgétaires qui s’accumulent depuis des années et dépassent le seul cadre de l’IGN. Cela l’obligerait, selon elle, à recourir à la précarité pour ajuster le nombre d’emplois. Mais pas question pour les agents de se laisser faire !

Plusieurs agents en CDD, soutenus par la CGT, ont donc appelé leurs collègues à se réunir, bien décidés à faire bouger les choses. Cette première réunion, qui a regroupé près d’une vingtaine d’agents début avril, leur a permis d’échanger sur les difficultés créées par leur situation et de comparer la manière dont ils sont traités par la direction. Certains ont enchaîné plusieurs contrats de durées allant de quelques mois à trois ans depuis qu’ils sont en poste. Car dans la fonction publique, pas de limitation réglementaire du nombre de renouvellements de CDD ! Et les agents sont supposés lanterner pendant six ans dans la précarité avant de pouvoir prétendre éventuellement à un CDI. Pourtant, la possibilité existe d’embaucher directement en CDI pour certains emplois. Ainsi, une dizaine d’informaticiens ont été informés que leur contrat serait requalifié en CDI… avant que la direction se rétracte, car un nouveau décret supprimait les informaticiens des postes CDIsables dès l’embauche. La direction savait que le décret devait sortir, mais s’y est prise au dernier moment et s’en lave maintenant les mains.

Enthousiasmés par leur première réunion, les collègues se sont donc donné pour mot d’ordre la déprécarisation immédiate de tous les salariés en CDD de l’IGN, soulignant le caractère permanent des emplois qu’ils occupent et leur participation aux missions incontournables de l’institut, ce qui est en décalage avec la nature de leur contrat. Ils ont rédigé et distribué un tract à la cantine pour alerter l’ensemble du personnel de cette situation et entraîner d’autres collègues dans la bataille. Une pétition réclamant la CDIsation immédiate des précaires, ainsi qu’un plan de titularisation pour l’ensemble des contractuels, a été signée par plus de 250 collègues. Jamais une pétition (pratique courante dans l’établissement) n’avait remporté autant de succès. De nombreux messages de soutien ont été exprimés et des discussions se sont engagées. Car les fonctionnaires aussi sont sensibles à la précarité de leurs collègues, qui est l’affaire de tous. D’autant qu’elle implique des charges supplémentaires pour eux en désorganisant la production et multipliant les temps de formation à cause de la rotation imposée par ce système.

Les collègues CDD qui ont initié la mobilisation n’entendent pas en rester là. Ils se sont réunis à nouveau mi-mai, avec des collègues fonctionnaires solidaires. L’idée d’une journée de grève a été évoquée. Les collègues savent que pour gagner, il faudra plus qu’une pétition.

Cette précarité dépasse largement l’IGN et concerne de nombreux salariés du secteur public. La détermination de ceux de l’IGN pourrait donc en inspirer bien d’autres, qui ont les mêmes raisons de trouver le chemin de la mobilisation et ont d’autant plus de chances de gagner s’ils se mobilisent ensemble.

25 mai 2017, Yannick KERVIAN

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