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DOSSIER : Premier recul du gouvernement : le CPE enterré… restent le CNE et la précarité

Cherbourg : les lycéens font débrayer les étudiants et s’adressent aux salariés

Mis en ligne le 25 avril 2006 Convergences Monde

Le 7 février à Cherbourg le contact d’emblée s’avère difficile entre des jeunes mobilisés dans la journée et des salariés appelés à manifester... en fin d’après-midi. Le 7 mars, les craintes liées à la pause des vacances et au fiasco d’une précédente manifestation uniquement lycéenne, le 16 février, sont effacées. Un millier de lycéens défilent sous une pluie battante dans la journée, mais ils sont bien rejoints par 1 500 personnes... à 17 h 30.

Le mardi suivant les jeunes bloquent un train en gare, puis le jeudi vont à un millier débrayer le site universitaire et ses 400 étudiants. Cela contribue au succès du 18 mars, avec cette fois-ci 3 000 manifestants. La semaine du 20 au 26 voit le mouvement se structurer : des AG quotidiennes ont lieu dans les 5 lycées de la ville, débouchant sur une AG interlycées suivie le jeudi 23 par 1 200 jeunes. On commence à parler de blocage, mais aussi d’aller chercher les travailleurs.

Le lundi 27, c’est à 200 qu’ils vont à la cantine de l’Arsenal (2 500 salariés) dire : « Demain, 10h30, on compte sur vous ! » et distribuer des tracts. Le lendemain, entre 1 000 et 1 500 de ces salariés débrayent, un chiffre jamais vu depuis 1995. L’opération est répétée à la veille du 4 avril où les jeunes couvrent 10 lieux, dont 7 entreprises. Partout, cette initiative rencontre une énorme sympathie.

Dans la foulée des manifestations des 28 mars et 4 avril (10 000 puis 12 000 participants), les lycéens appellent les salariés à des AG communes. Lors de la première, les dirigeants syndicaux locaux tentent de freiner l’ardeur des jeunes ; ces derniers leur reprochent vertement leur tiédeur. À défaut d’être constructive, la discussion a le mérite de clarifier les choses... mais les dirigeants syndicaux boudent la deuxième Parmi la petite centaine de salariés présents, une douzaine constitue un comité pour l’extension du mouvement, en appui aux lycéens dans leurs tentatives de s’adresser aux salariés. La majorité sont des militants ou syndiqués CGT qui jugent leur syndicat trop attentiste, mais ce comité compte aussi des non-syndiqués. Le comité et les lycéens diffusent un tract d’appel à la grève à deux reprises, l’un devant la cantine d’entreprise d’une zone industrielle, l’autre devant l’usine Cogema - La Hague (6 000 salariés et sous-traitants).

À partir du 30 mars, le blocage des lycées est intermittent. Mais aux proviseurs qui exigent des votes avec urnes et bulletins pour tenter d’y mettre fin, les lycéens répondent en le reconduisant par 60 à 70 % des voix. Anecdote significative : un chauffeur de bus passant et repassant devant le piquet d’un lycée bloqué encourage les jeunes à tenir, avant de leur demander... de bloquer son dépôt. C’est dire la sympathie recueillie par le mouvement, mais aussi sa limite : le chauffeur n’envisage pas de se mettre, lui, en grève.

Dans ce contexte, l’annonce du retrait du CPE ne génère pas d’explosions de joie, juste la satisfaction d’avoir gagné une manche. Un des 5 lycées vote quand même la poursuite de la lutte quelques jours au-delà du 10 avril.

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Numéro 45, mai-juin 2006