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Changer la guerre en Irak... en l’intensifiant ?

13 janvier 2007

La pendaison de Saddam Hussein, à l’aube du 30 décembre, diffusée par vidéo dans le monde entier, juge l’abjection de ses bourreaux irakiens et, derrière eux, des dirigeants de l’administration Bush qui tirent les ficelles -pour la circonstance la corde. Saddam Hussein a eu une longue vie de tyran sanguinaire contre les peuples. Mais rien qui puisse justifier que ses bons amis d’hier, chefs d’État et industriels occidentaux, dont les États-Unis et la France, le fassent ou le laissent pendre haut et court. La barbarie de sa mort les juge en premier lieu. Et elle ne fait qu’attiser le feu dans un Irak ravagé par la deuxième guerre américaine lancée en 2003.

Face à la montée du sentiment anti-guerre aux États-Unis, qui s’est entre autres illustrée par la victoire démocrate aux dernières élections de mi-mandat, Bush mettrait la dernière main à une « nouvelle stratégie en Irak ». On saura précisément ce qu’il en est dans quelques jours, mais qu’en attendre ? Quelques nouvelles têtes de son administration ? Mais 20000 hommes supplémentaires seraient acheminés en Irak. Bush ne veut ni probablement ne sait sortir à court terme du bourbier irakien. Il cherche juste à éviter une débâcle pour son parti d’ici les prochaines présidentielles.

Pour les Démocrates, il est urgent... d’attendre 2008 !

La majorité électorale a changé de couleur aux États-Unis. Les assemblées ont basculé en faveur des démocrates, mais pas question pour les vainqueurs de forcer, voire empêcher la politique du président. Nancy Pelosi, la première femme qui accède à la présidence de la Chambre des représentants, annonce le faire « dans un esprit non pas partisan mais de partenariat ». Autant dire son intention de cohabiter loyalement avec les Républicains et avec Bush. Et tout l’art politicien des Démocrates va consister, d’ici 2008, tout en laissant Bush poursuivre une politique impopulaire, à annoncer un avenir meilleur sans pour autant rien mettre en œuvre ni contre la guerre ni en matière sociale (où la situation se dégrade pour les plus pauvres, et même pour une partie des couches un peu moins défavorisées, malgré les superprofits des capitalistes).

Les choix de Nancy Pelosi en sont la preuve. Tous démagogiques et hypocrites. Œuvrer pour un gouvernement propre, « éthique « , en appelant à la diminution du lobbying des grands capitalistes auprès des élus ? Faites ce que je dis mais pas ce que je fais ! Baisser le prix des médicaments, en « encourageant » le gouvernement et les trusts pharmaceutiques à s’entendre ? Sans blague ! Au passage certes, quelques gestes peu coûteux comme de diminuer les taux des prêts aux étudiants ou d’accorder un coût de pouce aux bas salaires (passage du salaire minimum horaire de 5,15 à 7,25 dollars). Mais qu’en sera-t-il en réalité pour les salariés américains victimes du « redressement des affaires » de ces dernières années ?

Et sur la question cruciale de la guerre en Irak, dont une majorité de la population américaine espère la fin, Nancy Pelosi se contente de demander à Bush « une nouvelle orientation en Irak ». Ce qu’il annonce lui-même par ailleurs ! Bref de jouer les opposants plus que timides, en laissant tranquillement faire jusqu’à 2008 (sans engagement qu’en cas de succès démocrate aux présidentielles, la politique en Irak serait différente de la politique républicaine).

La guerre en Irak, sans terme visible

Là-bas, c’est le bourbier sanglant. Le cap des 3000 soldats US morts vient d’être dépassé. Ce chiffre n’englobe pas les soldats étrangers et les nombreux mercenaires morts aux côtés des troupes US. Il n’englobe pas non plus les morts irakiens des deux camps, combattants comme civils, qui s’élèveraient à plus de 600 000. Pas non plus les millions d’Irakiens devenus des réfugiés dans leur propre pays ou pays voisins. À noter que l’armée américaine compte aussi 15 000 soldats gravement blessés, revenus handicapés.

L’Irak est un nouveau Vietnam. Personne ne peut plus le nier. Comme à l’époque du Vietnam, l’exaspération croissante d’une partie de la population commence à engendrer de vagues promesses politiciennes, voire des ébauches de négociations diplomatiques avec les dirigeants iraniens, syriens, israéliens et autres, sans oublier les grandes puissances, visant pour l’administration américaine à ménager un retrait militaire qui préserverait le maintien de son ordre impérialiste dans la région. Mais ces manœuvres ne signifient pas que la liste des morts ne va pas s’allonger. Au-delà des premières défaites cinglantes des Américains au Vietnam, en 1968, il a fallu encore 7 ans avant leur départ. Aujourd’hui, quand les dirigeants américains parlent de « changer d’orientation » en Irak, constatons que c’est pour y envoyer davantage de soldats !

Robert PARIS

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