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La Poste

Centre de distribution postale de Paris 15e : Des grévistes soudés et fiers de leur mouvement

Mis en ligne le 24 septembre 2014 Convergences Entreprises

À Paris 15, quand La Poste a annoncé en mai une nouvelle réorganisation pour la rentrée (la troisième en quatre ans), le personnel est d’abord parti en masse voir la direction locale pour exprimer son refus puis a décidé de se mettre en grève. Déterminés à la faire reculer, les postiers n’ont repris le travail que le 11 juillet.

La réorganisation prévoyait la suppression de 22 emplois (dont 11 tournées « piétonnes » et 3 tournées motorisées), la suppression de la limitation du nombre de lettres recommandées à distribuer chaque jour en plus du courrier ordinaire. Or, pour de nombreux facteurs qui avaient déjà subi un rallongement très important de leurs tournées aux dernières restructurations, c’était inacceptable. La réorganisation prévoyait aussi, cerise sur le gâteau, la remise en cause du régime de travail actuel (comprenant un week-end de trois jours toutes les deux semaines) pour le remplacer par un nouveau régime qui remettait en cause les repos et la vie sociale des collègues (avec un jour de repos décalé chaque semaine).

Une grève très active

Au cours des 51 jours qu’elle a duré, près de 70 % du personnel a participé à la grève, avec un « noyau dur » d’une cinquantaine de grévistes (sur environ 200 facteurs) du début à la fin. Chaque matin, dès 6 h 30, de 40 à 50 grévistes étaient présents au piquet devant l’entrée du centre. Des assemblées générales avaient lieu régulièrement où chacun s’exprimait, des votes étaient organisés pour prendre les décisions, des non-syndiqués ont participé aux différentes négociations avec la direction.

Chercher à s’adresser aux autres travailleurs

Dès le début, les grévistes ont cherché à ne pas rester isolés. Ils ont rendu des visites aux facteurs d’autres centres parisiens non seulement pour faire appel à leur solidarité, mais pour discuter avec eux de la perspective d’un mouvement plus large à La Poste. Le plus souvent, l’accueil des collègues a été chaleureux… celui des directeurs de La Poste beaucoup moins ! Celle-ci a fait appel, comme souvent, à des cadres pour jouer les provocateurs, aux huissiers et même à la police. Les grévistes ont également organisé des manifestations en commun avec des facteurs en grève des Hauts-de-Seine, de l’Essonne, et même d’Aubigny, dans le Cher, et noué des contacts avec ceux d’Ajaccio.

En dehors de La Poste, le personnel de Paris 15 a eu de nombreux autres soutiens (de l’hôpital Georges-Pompidou, du dépôt RATP du 15e arrondissement, des cheminots, etc.). Une délégation de syndiqués CGT de PSA Poissy est venue au piquet de grève et des facteurs sont allés faire une collecte devant cette usine (deux ans auparavant, au moment de la grève contre la fermeture de l’usine d’Aulnay, les facteurs de Paris 15 avaient d’ailleurs accueilli des grévistes de PSA). Et, le 19 juin, les postiers ont formé un cortège enthousiaste avec leurs collègues du 92 et du 91 pour aller manifester à Montparnasse avec les cheminots et les intermittents du spectacle en lutte à ce moment-là.

Les manœuvres de La Poste n’ont pas entamé leur solidarité

Pendant la grève, la direction a dû faire appel à du personnel extérieur au centre pour remplacer les grévistes, et des directeurs d’autres établissements se sont même transformés en facteurs. C’est ainsi que l’on a pu voir un directeur trier le courrier et une directrice en errance dans les rues du 15e à la recherche des boîtes aux lettres. D’autres cadres sont venus en renfort pour jouer les vigiles à l’entrée, où suivre les grévistes dans leurs déplacements. Il y a même eu, à deux reprises, la visite de la police, la Poste ayant pris l’habitude de traiter les grévistes en délinquants.

La direction a bien sûr tout essayé pour les diviser, tantôt accusant des militants de vouloir faire durer la grève, écrivant qu’ « à l’évidence, le conflit de Paris 15 est instrumentalisé au bénéfice d’une cause qui lui est étrangère », tantôt essayant de discréditer le mouvement vis-à-vis des non-grévistes. Tantôt revenant le lendemain sur les négociations de la veille. Ou organisant un vote bidon autour du problème des régimes de travail, avec l’aide bienvenue de FO ou de la CFDT qui étaient hostiles au mouvement.

Mais tout cela n’a pas entamé la détermination des grévistes et la solidarité, y compris avec une grande partie du personnel qui ne faisait pas grève mais suivait le mouvement avec sympathie, donnait de l’argent à la caisse de solidarité (tenue grâce à l’énergie militante de tous les participants) ou se mettait en grève les jours forts.

« On n’est pas fatigués »

Au bout de 51 jours, les postiers ont obtenu le maintien de leur régime de travail actuel. La direction a également reculé sur la limitation des recommandés, mais elle n’est revenue que sur 2 suppressions d’emplois sur les 22 prévus. Elle s’est aussi engagée à embaucher à la Poste 3 CDI présents dans le centre. De plus, dix jours de grève seront payés.

Les postiers du 15e ont repris le travail en défilant tous ensemble dans le centre, fiers d’avoir tenu tête à la Poste ! Beaucoup disaient que les liens et la solidarité qui ont existé pendant cette grève devront continuer à l’avenir. Y compris parce qu’ils savent que la vingtaine d’emplois supprimés lors de la restructuration reportée à novembre feront cruellement défaut à tous.

Et, pour bien montrer qu’ils ne sont nullement démoralisés, ils ont décidé d’organiser une fête en octobre. Histoire de dire que la lutte continue !

12 septembre 2014, Anne HANSEN et Thierry FLAMAND

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Numéro 95, septembre-octobre 2014

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