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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 43, janvier-février 2006

Bosch, Fenwick et les autres... Le chantage à l’allongement du temps de travail

Mis en ligne le 13 janvier 2006 Convergences Entreprises

Drôle de Père Noël que ce Guy Maugis, président de Bosch France (équipementier automobile et électroménager), arrivé au Comité central d’entreprise de la mi-décembre avec dans sa hotte les 40 heures... payées 35.

Certes, ce ne serait encore qu’un projet. Il n’y aurait encore aucun calendrier. Ouais... Mais Bosch est récidiviste. Le groupe allemand qui exploite quelque 10 000 salariés dans une vingtaine d’entreprises en France, dont des usines de production en province et un siège à Saint-Ouen dans la région parisienne, s’est déjà illustré il y a un an et demi par le chantage aux licenciements, en cas de refus d’un allongement du temps de travail, à l’usine de Vénissieux (un peu plus de 800 salariés). L’« accord Vénissieux » faisait alors la Une des journaux. Les travailleurs s’étaient vu imposer de passer de 35 heures à 36 heures, avec réduction du salaire, sous différentes formes : suppression de 6 jours de RTT, du pont de l’Ascension et du lundi de Pentecôte, sans compter 3 ans de gel des salaires et de suppression de la prime d’intéressement. La direction, elle, empochait 12 % de baisse de la masse salariale.

C’était parfaitement illégal. Mais la direction, après avoir mis dans sa poche la CFDT et la CGC de l’usine, poussait les salariés à avaliser l’accord : soit ils signaient un avenant à leur contrat de travail, soit c’était la rupture ! (À noter qu’aux élections professionnelles suivantes, la CFDT est passée de plus de 60 % à 47 % des suffrages dans le collège ouvrier.)

Aujourd’hui, toutes les directions syndicales protestent, dont la CFDT et la CGC. Les dirigeants syndicalistes qui, en 2004, avaient ciré les bottes de la direction et expliqué aux salariés que c’était seulement un mauvais moment à passer en sont évidemment pour leurs mensonges. Car 18 mois après, c’est rebelote ! La direction reprend la même chanson, un ton au-dessus puisque cette fois elle évoque non pas une heure de travail gratuit dans une usine mais 5 heures pour tous les salariés du groupe en France (et le discret chantage à d’éventuelles délocalisations dans l’Est de l’Europe) ! Belle confirmation que les sacrifices consentis n’annoncent pas des lendemains qui chantent mais au contraire d’autres sacrifices.

Et pourtant Bosch, premier équipementier automobile mondial, n’est pas en perdition. Ses performances, chiffre d’affaires, bénéfices, production, sont au top niveau.

Les syndicats protestent, s’indignent. Au premier rang desquels la CGT. Mais rien n’est facile, évidemment, dans un contexte où les patrons s’enhardissent. Après SEB ou le volailler Doux en France, Siemens et d’autres en Allemagne, Hewlett-Packard puis Fenwick (Linde) procèdent au même chantage. Ce dernier fait aujourd’hui l’actualité. Ce grand constructeur mondial de chariots élévateurs vient de programmer 15 % de gains sur la masse salariale en contraignant un peu plus de la moitié des 560 salariés de l’usine de Cenon-sur-Vienne à signer un avenant faisant passer les 35 heures à 37 heures 30, avec perte d’une dizaine de jours de RTT, non-paiement de pauses et augmentation des cadences ! Grâce à la rescousse des syndicats CGC et FO que la direction a dans la manche et à des pressions telles sur le personnel que les délégués de la CGT, à leur tour et malheureusement, ont craqué.

Il est certain que le patronat ne va pas en rester là. À cette politique d’allongement du temps de travail et de baisse des salaires, il faut se préparer à mettre le holà.

4 janvier 2006

Silvio LAMY

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