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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 47, septembre-octobre 2006

Belgique : grandes manœuvres électorales autour de l’extrême droite !

Mis en ligne le 26 septembre 2006 Convergences Monde

En Belgique, les élections communales (municipales) vont avoir lieu le 8 octobre 2006. La préoccupation du monde politique et de la presse est le score que pourrait y récolter l’extrême droite aussi bien en Flandre qu’en Wallonie. En Flandre, aux élections communales de 2000, le Vlaams blok avait déjà eu 33 % des voix à Anvers, 26% à Malines, 20% à Gand pour ne citer que quelques grandes villes. Le Front national de Wallonie avait connu des scores plus faibles, mais de récents sondages indiquent que dans certaines villes ouvrières importantes il pourrait être en nette augmentation : à Charleroi, une des grandes villes populaires de la région, un sondage le crédite de 19,1% des intentions de vote au lieu des 6,9% de voix obtenues en 2000. Il deviendrait alors le troisième parti de la ville et aurait 11 sièges.

Une concurrence qui a de quoi inquiéter les partis gouvernementaux qui tentent, par tous les moyens, de réduire cette influence électorale.

Les politiciens en place à la manœuvre

L’arrestation, jeudi 17 septembre 2006, de 17 personnes tombait à pic : parmi elles 11 militaires, interpellés dans 5 casernes par 150 policiers, sont accusés d’appartenir à un groupe néonazi, le BBET (Bloed, Bodem, Eer, Trouw - Sang, Terre, Honneur et Fidélité) et de trafic d’armes. Pas moins de 130 armes auraient été trouvées et même une bombe artisanale, prête à servir. La police explique qu’elle a procédé à l’arrestation des membres du groupe parce que certains militaires devaient partir en mission à l’extérieur. Mais au moment où gouvernement et partis ont l’œil rivé sur les élections communales, le hasard a bien fait les choses !

Le ministre de l’Intérieur qui disait regretter l’absence de loi faite pour interdire les organisations racistes et xénophobes a trouvé le moment propice pour en faire voter une. La ministre de la Justice qui souhaite faire adopter un train de mesures antiterroristes y a trouvé prétexte : la Sûreté belge pourra avoir recours à des moyens « exceptionnels », observation dans des domiciles privés et intrusion dans les systèmes informatiques viendront compléter l’ouverture du courrier ou le repérage des appels téléphoniques.

Quant aux partis politiques, ils espèrent que cette affaire dégonflera les scores de l’extrême droite. Mais ce n’est pas dit.

En Flandre, la condamnation du Vlaams blok pour racisme par les tribunaux en 2004, qui l’a amené à changer son nom en Vlaams belang et le crime raciste à Anvers, au mois de mai dernier, où un jeune d’extrême droite (lié au moins par sa famille au Vlaams belang) avait blessé grièvement une jeune femme turque et tué une enfant et sa baby-sitter malienne, ne semblent pas avoir fait reculer les scores de l’extrême droite dans les sondages, comme certains le pensaient !

En Wallonie, ce sont les petites magouilles électorales et administratives qui suivent les nombreux procès intentés au Front national pour le déconsidérer. Ainsi, celui-ci ne pourra pas utiliser le panneau numéro un qui lui avait été attribué après tirage au sort, ni utiliser son sigle tel quel parce qu’il n’aurait pas respecté les procédures électorales (il fait appel de la décision devant les tribunaux).

L’écœurement des couches populaires

Ces manœuvres sont dérisoires, tant sont importants, dans les milieux populaires, l’écœurement et la colère contre les partis de gauche comme de droite, tous mêlés à de nombreuses magouilles au niveau local et à une politique anti-ouvrière depuis des années. Il ne se passe pas une semaine sans que la presse ne dévoile un scandale dans les plus grandes villes du pays, autour de la mairie, des logements sociaux, des cabinets d’études, etc... Gros salaires, argent détourné, avantages de toutes sortes, favoritisme familial, clientélisme font la Une des journaux. Au niveau du gouvernement, la politique, menée par la droite et la gauche coalisée, est favorable aux plus riches. L’idée que les partis politiques sont « tous pourris » -un des thèmes traditionnels de l’extrême droite- se vérifie sur le terrain !

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant qu’une partie des classes populaires soit sensible à la démagogie de l’extrême droite et voit dans un vote pour elle une façon de marquer sa colère. Celle-ci est déjà très implantée en Flandre où le Vlaams belang est véritablement un parti, moins en Wallonie, où les chefs du Front National s’entredéchirent et ses militants sont moins visibles, mais dont l’influence est réelle et les idées reprises dans certains milieux. Les manœuvres juridiques et électorales ne feront pas revenir ces électeurs vers des partis déconsidérés. Si elles ne renforcent pas l’extrême droite en la faisant passer pour une victime qu’on empêche de parler !

Un succès de l’extrême droite aux prochaines élections communales ne signifierait pas que le fascisme est au pouvoir ni même aux portes du pouvoir. Certes. La bourgeoisie belge n’a pas besoin de cette carte actuellement. Mais le climat politique et social risque de changer dans tout le pays. Le racisme, la xénophobie, les idées réactionnaires ou le régionalisme (déjà très présent en Flandre où certains politiciens demandent ouvertement l’éclatement de la Belgique) risquent de se développer encore. Et les principales victimes seront les immigrés, mais aussi tous les autres travailleurs, car la division du monde du travail ne peut que favoriser les politiques anti-ouvrières patronales.

L’extrême gauche ne doit pas s’aligner sur des partis de gauche déconsidérés, ni sur les politiciens qui les quittent en espérant trouver ainsi une nouvelle virginité. Elle doit développer sa propre politique, s’implanter dans la classe ouvrière et lui offrir des perspectives de lutte. La seule voie pour battre en brèche l’influence dans les quartiers populaire des pires ennemis des travailleurs que sont les partis d’extrême droite.

Le 19 septembre 2006

Paul GALLER

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