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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 23, septembre-octobre 2002 > DOSSIER : Syndicats / travailleurs : Un fossé grandissant

DOSSIER : Syndicats / travailleurs : Un fossé grandissant

Belgique : Règlement de compte entre… bureaucrabes !

Mis en ligne le 5 octobre 2002 Convergences Monde

L’été aura été particulièrement agité au sein de la FGTB (l’un des 2 grands syndicats belges qui compte 1 200000 membres). Chaque jour ou presque, les journaux ont raconté ce véritable feuilleton policier, toujours pas terminé, avec ses intrigues, ses rebondissements, ses déclarations fracassantes.

Tout a commencé fin juin quand Albert Faust, secrétaire général du SETCA (syndicat des employés techniciens et cadres - 70000 affiliés) a été licencié pour faute grave et son syndicat mis sous tutelle. La FGTB reproche à Faust « une mauvaise gestion des caisses syndicales ». Faust, alors, contre-attaque et porte l’affaire devant les tribunaux. C’est l’occasion, de part et d’autre, d’un grand déballage.

On y apprend, entre autres, que les permanents syndicaux sont particulièrement bien payés. Ainsi, un secrétaire d’une Centrale professionnelle (FGTB connaît une triple structure : inter-régionale, inter-professionnelle et linguistique : une centrale professionnelle correspond à un secteur d’activité professionnelle, ex. : CMB = centrale des métallos), touche 5700 euros brut/mois auxquels il faut ajouter des frais en tous genres : voyages d’études, luxueuse voiture de fonction (Mercedes et BMW sont, paraît-il, très prisées dans ce milieu) et des « enveloppes mensuelles » plus ou moins officielles. Comme l’écrit le journal Le Soir : « Les cadres du syndicat n’ont rien à envier à leurs homologues du secteur privé au sens strict ». On y apprend aussi que le syndicat FGTB, au niveau national a reçu en 2001, du gouvernement, 2,3 millions d’euros pour la distribution des allocations de chômage (en Belgique les allocations de chômage sont distribuées par les 3 syndicats, FGTB socialiste, CSC social chrétien, CGSLB libéral) à partir de l’argent récolté par la sécurité sociale. L’argent des syndicats provient donc en grande partie des cotisations des affiliés mais aussi des subsides versés par l’Etat.

Tous « staliniens » ?

Face à ces accusations, Faust répond sur deux terrains. D’abord en contre-attaquant sur les accusations de « mauvaise gestion » et de détournements de fonds. Mais il répond aussi sur le terrain syndical. Faust est connu comme un syndicaliste « grande gueule » et défendant des positions plus à gauche que la FGTB nationale. Contrairement à celle-ci, il est de ceux qui ont soutenu les 13 de Clabecq (voir Convergences révolutionnaires de juillet/août 2002). Il était aussi opposé à l’accord syndicats-patronat visant à empêcher les grèves sauvages et les piquets de solidarité.

De jugement en jugement, au moment où nous écrivons, Faust est toujours licencié et un administrateur judiciaire gère le syndicat SETCA. A ce jour, celui-ci afficherait un gouffre financier de 4,5 millions d’euros.

Faust, ex-militant d’extrême-gauche, crie au « complot stalinien ». Quant à Michel Nollet, ex-secrétaire général de la FGTB (et dont le fils devrait prendre la place de Faust...), il explique : « Faust est un secrétaire général qui gère sous un régime stalinien ! Vous savez, on peut avoir une dialectique de gauche et adopter un comportement bourgeois ».

Voilà donc un panier de bureaucrabes syndicaux bien agité qui fait au moins le bonheur de la police qui, perquisitionnant à plusieurs reprises les locaux syndicaux, a saisi 110000 fiches avec l’historique de chaque affilié au syndicat. Des affiliés qui sont peut-être quand même en train de découvrir au travers des chamailleries de leurs dirigeants la véritable nature politique et sociale de ceux-là.

21 septembre 2002

Laurent HENRY

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