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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 59, septembre-octobre 2008

Barack Obama, le candidat de la rupture ? Pas avec le « big business »…

Mis en ligne le 2 octobre 2008 Convergences Monde

Une super-inflation touche les États-Unis, des millions de personnes se retrouvent sans emploi et sans logement. Nul doute que dans ce contexte les travailleurs veulent du changement. Barack Obama, candidat démocrate aux élections présidentielles, a donc fait de la rupture le thème de sa campagne en dénonçant le gouvernement et en affirmant qu’il est possible de s’opposer aux grandes entreprises capitalistes. Et voter Obama sera sans doute le moyen dont se serviront certains travailleurs pour exprimer leur exaspération face à la politique gouvernementale et leur opposition au Parti républicain. De plus, le racisme restant une division bien prégnante aux États-Unis, de nombreuses personnes verraient dans le fait d’avoir une présidence noire un symbole fort de la fin de la ségrégation qui a si longtemps opprimé les Noirs.

Obama peut effectivement changer le visage de la présidence américaine. Mais c’est bien la seule chose qu’il changera. Son CV l’illustre infiniment mieux que n’importe quel slogan électoral.

La campagne la plus coûteuse de toute l’histoire des États-Unis

Obama et McCain ont à eux deux levé plus de 600 millions de dollars de fonds auprès des entreprises. Obama avait proclamé qu’il n’accepterait pas de tels fonds. Mais la majorité des 390 millions de dollars qu’a coûtés sa campagne proviennent d’organisations, de lobbyistes ou d’individus proches du « grand business ». Dans la plupart des grandes branches d’industries, banques, compagnies d’assurances ou encore dans les média et la vente d’armes, en passant par le secteur énergétique, les cabinets d’avocats ou encore l’industrie pharmaceutique, il a trouvé de généreux donateurs : AT&T, ConocoPhilips, Lockheed-Martin, Cargill, Banks of America, Wells Fargo, Citygroup, Time-Warner et bien d’autres. Goldman Sachs, l’une des plus grandes banques d’investissement du pays, à elle seule aura versé 653 000 dollars. Son conseil d’administration comprend des membres de General Motors, Pfizer, KB Home (bâtiment), United Health Group ou encore Bank One Corp, des entreprises liées aussi à McDonald’s, General Electric et quelques autres des plus grandes du pays.

Ces mêmes entreprises ont empoché des milliards grâce aux guerres d’Irak et d’Afghanistan. Elles sont directement responsables de la crise du logement ou se sont fait leur beurre sur le dos de la population de la Nouvelle Orléans après les dévastations de l’ouragan Katrina. Ces mêmes entreprises pillent les matières premières aux quatre coins du globe et dévastent la planète. Leurs PDG touchent plus de 400 fois le revenu moyen d’un travailleur, s’achetant yachts, grandes demeures de luxe et jets privés comme d’autres s’achètent du lait. Cette élite reconnaît en Obama un candidat en qui elle peut avoir entière confiance.

Un nouveau venu en politique ?

Obama n’a pas seulement le soutien du grand capital. Ses votes passés en tant que sénateur montrent qu’il ne s’agit que d’un renvoi d’ascenseur. Il a par exemple soutenu la législation qui a rendu plus difficile aux travailleurs de se défendre juridiquement contre les grandes entreprises, loi qui a déplacé les possibilités de recours des cours d’État vers les cours fédérales, souvent plus favorables au patronat. Il a voté contre la législation qui permettait de limiter les taux d’intérêts que les banques peuvent soutirer à leurs clients en cas de dépassement de leurs plafonds. Il a aussi voté en faveur d’une loi permettant aux compagnies médicales de présenter de simples excuses plutôt que des indemnités à des patients ayant reçu de mauvais traitements. Il a voté en faveur de la législation permettant aux compagnies minières d’acheter des terrains publics à peu de frais sans indemnités pour les États et les villes dans lesquelles elles opèrent. Archer Daniels Midland, une des grandes entreprises spécialisées dans la production de maïs, peut le remercier de son vote dont le résultat a été le versement d’énormes subventions à ce géant de l’agrobusiness. Obama prétend que ce vote avait une visée écologique, dans la mesure où le maïs sert à la fabrication de l’éthanol. Mais comme la production d’éthanol requiert des quantités d’essence considérables, elle s’avère plus polluante que l’essence elle-même.

Par ailleurs il a apporté par ses votes son soutien au « Patriot Act », cette législation qui permet de réduire considérablement les libertés civiles. Quiconque suspecté de terrorisme peut être incarcéré indéfiniment, sans accès à un avocat. Cette loi facilite aussi les écoutes téléphoniques, les perquisitions, la lecture d’e-mails ou de courrier, la fouille des comptes bancaires de toute personne suspectée de terrorisme, c’est-à-dire potentiellement tout le monde.

Alors qu’il fait de son opposition à la guerre en Irak un thème de campagne, il a voté tous les crédits de guerre pour l’Irak et l’Afghanistan. Il a aussi promis un renforcement des troupes stationnées en Afghanistan. Il soutient pleinement Israël dans son occupation des territoires palestiniens. Il ne récuse pas plus la possibilité d’une intervention militaire contre l’Iran.

Et un vice-président à la hauteur

Joe Biden qu’il a choisi pour être son vice-président est un habitué des couloirs de Washington, avec une carrière politique de 35 ans. Biden a voté en faveur de l’invasion de l’Irak qu’il décrivait comme une «  marche vers la liberté et la sécurité  ». Il a même surpassé l’administration Bush en proposant d’augmenter de 13 milliards les sommes allouées aux producteurs d’armement. Il préconise un renforcement des troupes en Afghanistan, soutient l’occupation de la Palestine, a accepté des milliers de dollars de lobbyistes pro-Israël pour la campagne électorale et a voté en faveur d’un renouvellement du « Patriot Act ».

En 2005, le même homme a favorisé le vote d’une loi réduisant les possibilités de recours des travailleurs en cas de surendettement. Les propriétaires peuvent ainsi plus aisément se débarrasser d’un locataire endetté, voire récupérer les allocations allouées aux parents pauvres pour rembourser leurs dettes. Particulièrement appréciable dans cette crise !

Dans les années 1990, Biden a joué un rôle de premier plan dans les attaques anti-ouvrières et anti-pauvres. Il a favorisé le vote d’une loi, proposée par l’administration Clinton, qui permettait de réduire de plusieurs millions le nombre de personnes bénéficiant de la sécurité sociale, soutenu en cela par Obama. Cette même loi a réduit le montant des bons donnant droit à de la nourriture, l’assistance médicale et toutes sortes d’aides aux plus démunis.

Rupture, vous avez dit ?

Craig VINCENT


Dis moi qui te soutient je te dirai quel président tu seras

Contributions à la campagne par secteur économique

SecteursTotal Démocrates Republicains
Agrobusiness 7 271 522 $ 2 818 032 $ 4 438 690 $
Communications/Électronique 33 079 755 $ 24 285 939 $ 8 732 497 $
Construction 16 410 686 $ 6 986 209 $ 9 405 627 $
Défense 2 047 781 $ 1 086 728 $ 953 903 $
Énergie & Matières premières 8 743 698 $ 3 266 757 $ 5 473 641 $
Finance, Assurance & Immobilier 112 126 197 $ 58 156 309 $ 53 919 567 $
Santé 28 978 246 $ 17 692 646 $ 11 246 092 $
Avocats et lobbyistes 72 850 392 $ 54 545 033 $ 18 274 004 $
Transports 6 438 873 $ 2 219 454 $ 4 212 144 $
Divers 62 032 351 $ 35 370 630 $ 26 525 946 $

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