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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 47, septembre-octobre 2006

Axa : Les assureurs aiment l’humanitaire... pourvu que ça rapporte !

Mis en ligne le 26 septembre 2006 Convergences Entreprises

On nous avait montré fin juillet, sur nos écrans de télévision, la France au secours du Liban. Tout au moins au secours des Français ou Franco-libanais qui voulaient quitter le pays, les seuls à avoir droit à l’aide du gouvernement français pour échapper aux bombardements israéliens. Le ministre paradait. D’autres empochaient. C’est ainsi que, sur le port turc de Mercin les « sauveteurs » arboraient des T-shirts aux couleurs d’Axa.

Car ce qu’on ne disait pas c’est que les opérations de rapatriement en France avaient été privatisées. Le ministre, un peu gêné s’en est expliqué dans la presse : « le partenariat [...] avec Air-France [...] relève de la même logique ». Certes, quand il affrète des avions, ils sont fournis par une compagnie. Mais sous-traiter l’organisation de l’opération est un tout autre marché et un peu une nouveauté.

La branche Assistance de la compagnie d’assurance était au départ spécialisée dans le rapatriement du voyageur ayant un accident, une voiture en rade ou un besoin d’hospitalisation. Elle étend aujourd’hui ses activités à de nombreux domaines. Aux frais de la Sécurité sociale par exemple, elle s’est ouvert de nouveaux marchés : assistance aux malades et personnes âgées, soins d’hospitalisation à domicile pour lesquels Axa-Assistance joue de rôle d’un mandataire aux halles, trouvant le client, cherchant le soignant ou le pharmacien livreur, et palpant gros pour son rôle d’intermédiaire.

Depuis quelques temps elle a découvert un nouvel horizon : la « Cellule de crise ». Pour ces opérations exceptionnelles elle a même demandé dérogation particulière à la limite des horaires imposables à son personnel. La guerre du Liban lui a offert son premier marché.

Soixante-dix personnes ont été envoyées sur place pendant plusieurs jours, des infirmières et médecins en contrat avec la compagnie, et des personnels Axa pour la logistique, auxquels s’ajoutaient quelques dizaines d’autres sur le plateau d’appels téléphonique Axa d’Issy-les Moulineaux (Hauts-de-Seine), alors que tout le monde croyait que le numéro d’urgence était celui du ministère.

On ne connaît pas encore le montant de la facture qu’Axa a présenté à Douste-Blazy pour ce service. Mais, à la mine triomphante des cadres d’Axa-Assistance se félicitant auprès du personnel du brillant succès de cette toute première humanitaire, il est clair qu’elle doit être salée (heureusement, les quelques employés d’Issy-les-Moulineaux qui étaient allés ensemble manifester contre la guerre contraient un peu la pub des dirigeants en discutant de leur tout autre sens de la solidarité avec la population libanaise sous les bombes).

Mais Axa a déjà d’autres projets « humanitaires » sur le feu. Sa filiale spécialisée dans la réassurance, Axa-RE, a signé en début d’année un contrat avec le Programme alimentaire mondial des Nations unies. Il prévoit le déblocage de fonds en cas de sécheresse extrême en Éthiopie, à savoir le versement éventuel de 7 millions d’euros d’aide financière d’urgence si la sécheresse touche l’Éthiopie, en échange d’une prime d’assurance de 930 000 dollars.

Le directeur d’Axa-RE s’est dit « fier que notre métier puisse aider à lutter contre les effets de calamités naturelles sur les populations des pays en voie de développement ». Mais comme une société d’assurance a horreur du risque, ou du moins le calcule, AXA aurait, selon le journal la Recherche un programme avec Météo France afin d’assurer les risques de chaud et les risques de froid !

Christine SCHNEIDER


Et un patron qui aime l’Humanité... ...tant que ça papote !

La presse s’est fait l’écho de son salaire : 3 millions d’euros, soit 222 SMIC par an, plus ses stock-options. Ce grand patron d’une société d’assurance - pardon « d’épargne financière » - a encouragé les réformes des retraites et du système de santé.

Qu’a cela ne tienne, il arrivait décontracté, en jean et en chemisette, à la fête de l’Humanité. Henri de Castries, patron d’Axa, était invité à un débat sur le « CAC 40 : Quel type de croissance économique ? Au service de qui ? », avec un syndicaliste CGT, et un économiste.

Ce n’était donc pas à la tribune qu’il risquait de trouver de la contestation. Ni la mise en accusation de la politique qu’il mène dans son entreprise, un grand projet nommé « Ambition 2012 » : ne pas remplacer les 3 500 départs en retraite mais rationaliser les activités, sans doute en fermant des sites en province, augmenter la productivité en augmentant les pressions sur les salariés, externaliser et délocaliser des activités là où la main d’œuvre est moins chère : au Maroc, à l’Île Maurice ou en Inde.

Heureusement, aux débats de L’Huma il n’y a pas que les tribunes. Mais aussi des travailleurs et militants qui font la salle. C’est donc de celle-ci que sont venues quelques précisions utiles sur ce que signifie la croissance économique sous ce régime capitaliste cher au patron d’Axa.

C. S.

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