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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 88, juin-juillet-août 2013 > PSA Aulnay

PSA Aulnay

Après la suspension de la grève... de nouveaux rebondissements !

Mis en ligne le 17 juin 2013 Convergences Entreprises

Après quatre mois de grève, nous avons donc décidé en assemblée générale de suspendre notre mouvement en acceptant de signer un protocole de fin de grève avec la direction. [1] Durant ce dernier mois de grève, l’essentiel des actions s’est organisé dans le but d’arracher la réintégration de nos quatre camarades licenciés pour faute lourde, en réalité pour fait de grève, et l’abandon de toutes les plaintes judiciaires et procédures engagées contre les militants de la grève. C’est ce que nous avons finalement obtenu le 17 mai, en faisant appliquer à Aulnay l’amnistie sociale que le gouvernement refuse d’accorder aux salariés en lutte pour leur emploi ! Le protocole nous donne également certaines garanties sur les mutations sur d’autres sites pour les grévistes souhaitant rester dans le groupe PSA [2], et une majoration de 19 700 euros des indemnités de départ sur celles initialement prévues, pour ceux souhaitant quitter PSA.

Les ex non-grévistes entrent dans la danse

Nous avions annoncé que cette suspension de la grève n’était pas la fin de notre mouvement. En effet, lors de la semaine de « reprise du travail », la production n’a pas repris. Le mardi 21 mai, nous avons commencé par manifester à 150 en passant dans tous les secteurs sous les applaudissements de nombre de nos collègues. Les jours qui ont suivi, personne n’avait le cœur à travailler et la production était de toute façon désorganisée. Il est sorti entre 5 et 15 voitures par jour cette semaine là !

La semaine suivante, dès le lundi 27 mai, surprise dans l’équipe B (l’équipe A est en chômage technique). Ceux qui n’ont pas fait grève jusque là, ou n’ont pas fait les quatre mois de grève dans leur totalité, revendiquent de bénéficier des mêmes conditions prévues dans le protocole. Ce sont donc 80 « nouveaux grévistes » accompagnés d’autant d’« anciens grévistes » qui montent à la direction pour clamer leur mécontentement. Ils lui posent un ultimatum : elle a jusqu’à mercredi midi pour donner sa réponse.

Entretemps, 900 personnes signent une pétition pour faire la même demande. La direction n’en mène pas large : l’incendie qu’elle croyait avoir éteint a l’air de se rallumer ! Mercredi 29, elle cède. Enfin apparemment, car il y a une entourloupe que les nouveaux grévistes découvrent le lendemain : une clause décrète que la prime de départ supplémentaire ne sera accordée que pour ceux qui obtiendrait d’ici le 7 juin une promesse d’embauche dans une autre entreprise : un CDI ou un CDD de 3 mois. En tentant de reprendre d’une main ce qu’elle vient d’accorder de l’autre, elle jette tout simplement de l’huile sur le feu.

Lundi 3 juin : l’équipe A reprend le travail après une semaine de chômage technique… et s’empare des mêmes revendications. Après une assemblée générale d’environ 120 travailleurs, nous descendons à une centaine voir la direction. Les salariés refusent le délai du 7 juin et réclament une entrevue le lendemain. Mardi 4 juin, nouvelle assemblée générale qui réunit un peu plus de 200 personnes qui se rendent ensuite au « bunker » (c’est ainsi que nous surnommons le bâtiment de la direction). Quatre travailleurs ont été élus comme porte-parole du mouvement. Devant les refus de la direction, notre objectif est de continuer à renforcer notre mouvement jusqu’au lundi 10 juin où nous devons passer en une seule équipe, A et B confondues.

Ce faisant, le staff de la direction réfléchit à différentes manœuvres pour éteindre le feu. Voilà que les cadres approchent individuellement les ouvriers et ouvrières pour leur dire que « les promesses d’embauche », eh bien, pas de souci, elles peuvent être bidon…. « Vous trouverez bien quelqu’un pour vous les faire… ». Une façon de faire mine de céder, en catimini, sans vraiment céder, tout en espérant vider l’usine en espérant que la grève ne reprendra pas en s’élargissant.

Certes, une bonne partie des ouvriers d’Aulnay, ex grévistes, nouveaux grévistes ou attentistes, en ont de toute façon ras le bol de PSA et sont prêts à quitter l’usine avec l’indemnité supplémentaire. Une chose est sûre : même ceux qui ne s’étaient pas mis en grève se sentent trahis par la direction. Certains (et certaines ouvrières qui l’ont exprimé haut et fort) regrettent de n’avoir pas rejoint les grévistes plus tôt. Toujours est-il que depuis le 27 mai, la direction n’a pu faire repartir la production… autrement qu’à une échelle artisanale !

En ce lundi 10 juin, lors de la fusion des deux équipes en une seule, 260 salariés se sont réunis en assemblée générale et ont envoyé une délégation composée de trois ouvriers et une ouvrière ainsi qu’un délégué CGT au « bunker », accompagnés de 120 personnes. Réponse négative de la direction. La production n’a toujours pas repris. À suivre…

10 juin 2013, Pierre BECKER


[1Au cours du dernier mois de grève, seuls les syndicats CGT et CFDT ont continué le mouvement aux côtés des grévistes, du fait de la défection de Sud : dans la semaine qui a suivi l’envahissement du Conseil national du PS le 13 avril, n’ayant pas été élu pour représenter les grévistes dans les réunions de négociation que la direction rouvrait, le secrétaire de Sud a appelé à quitter le mouvement. Quelques militants de Sud ne l’ont cependant pas suivi et sont restés dans la grève.

[2Garantie d’être reclassé à la même qualification et même salaire sur un autre site, mais par contre, pas encore la garantie du même poste professionnel.

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