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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 91, janvier-février 2014

Allemagne : Sacrée union, ou union sacrée CDU-SPD, contre les travailleurs

Mis en ligne le 14 janvier 2014 Convergences Monde

C’est fait, après des semaines de palabres, un nouveau gouvernement de « grande coalition » entre la CDU d’Angela Merkel et le SPD de Sigmar Gabriel a été formé. Pour faire avaler cette participation gouvernementale avec la droite (certes pas la première dans l’histoire !) à une base sociale-démocrate réputée plus à gauche et à un milieu ouvrier influencé par les fédérations syndicales, le « contrat de gouvernement » met en bonne position un « Smic ». Certes un événement dans ce pays connu à ce jour pour ne pas en avoir. L’opération a en tout cas marché : Sommer, le chef de la codnfédération syndicale DGB, lui-même membre du SPD, trouve dans ce contrat de coalition « les intérêts de ceux d’en bas, des salariés ». Et la base du SPD a approuvé avec plus de 250 000 voix (ou 76 % des votants) ce contrat qui était soumis à son vote. Alors « victoire » et avantages pour les travailleurs ? Ou pas ?

Un Smic au rabais dans la droite ligne des mesures d’austérité de l’agenda 2010

En Allemagne, il n’existait pas de salaire minimum légal valable pour tous les salariés du pays. C’était depuis quelque temps une revendication du SPD comme des syndicats IG-Metall et Ver.di. Un récent sondage indiquait que 83 % des Allemands y étaient favorables. Si Angela Merkel a finalement accepté ce Smic après s’y être toujours opposée, c’est après qu’il a été largement rogné et toiletté par des limitations et exceptions. Après bon nombre de désastres électoraux, le SPD en avait aussi besoin pour tenter d’enrayer sa chute de crédibilité auprès des classes populaires.

Dans plusieurs branches, il y a déjà, à l’échelle du pays, un salaire minimum : pour les boulangers, les entreprises de sécurité et de gardiennage, les couvreurs. Dans les accords de branche qui l’ont introduit, il est presque partout supérideur à 8,50 euros de l’heure. Exemple dans le bâtiment où il est de 10,25 euros à l’Est et de 11,05 euros à l’Ouest. Et 13,55 euros sont prévus à l’Ouest pour des catégories plus qualifiées, en la circonstance pas vraiment un salaire minimum.

Ce Smic anémique de 8,50 euros brut de l’heure (Die Linke, équivalent allemand du Front de gauche, exigeait un Smic à 10 euros) pourra éventuellement intéresser certains salariés sous-payés de l’Est et permettre (mais pas sûr) de limiter les abus les plus criants, par exemple dans l’industrie de la viande où les abattoirs emploient des travailleurs, surtout originaires de Roumanie, payés entre 2,50 et 3,50 euros de l’heure. Mais ce Smic ne sera pas instauré avant le 1er janvier 2015 et les conventions collectives qui fixent des salaires inférieurs à 8,50 euros comme celles du nettoyage, de l’hôtellerie, de la restauration ou des activités agricoles prévaudront jusqu’à la fin 2016. Et, en 2017, compte tenu de la hausse des prix, le Smic à 8,50 euros (soit un salaire mensuel brut d’environ 1 400 euros), aura encore perdu de sa valeur : pas de quoi pavoiser, donc, pour la première puissance économique de l’UE et l’une des quatre principales nations industrielles du monde !

En faisant mine de défendre la population ouvrière…

En acceptant la création d’un Smic a minima à l’échelle du pays et un départ légal possible en retraite à 63 ans pour ceux qui comptent 45 ans d’annuités (une minorité de salariés), la candidate de la droite réélue chancelière a fait des concessions limitées à son partenaire SPD. D’autant plus que ce gouvernement de coalition ne veut rien changer au passage de 65 à 67 ans de l’âge légal du départ en retraite que la première grande coalition sous Merkel avait décidée en 2007. Dans l’accord de coalition, le SPD a également paraphé sans sourciller une mesure crapuleuse qui interdit aux petits syndicats de déclencher une grève. Une façon pour le parti social-démocrate de se montrer responsable devant la bourgeoisie, de donner des gages au patronat en cherchant à désarmer les travailleurs les plus combatifs, tout en servant les intérêts des grosses centrales syndicales qui aimeraient rester « sans concurrence ».

Eh oui, des luttes…

Le SPD et la droite s’entendent comme larrons en foire pour continuer à vouloir faire payer la crise aux travailleurs, secondés par la bureaucratie syndicale. Mais les travailleurs ne sont pas du tout enthousiasmés par ce nouveau gouvernement. Les grèves de l’an dernier, celle des agents de bord dans les aéroports, la longue grève de 117 jours des employés du centre d’appel des caisses d’épargne de Halle et, cette année, celle des salariés du géant US du commerce en ligne Amazon sur les sites de Bad Hersfeld, Graben et Leipzig pourraient être un signe avant-coureur de mobilisations bien plus fortes. Elles seraient nécessaires pour contrer l’offensive patronale.

4 janvier 2014, Charles BOSCO


L’agenda 2010, vieille machine de guerre, made in Social-Démocratie

Les hauts faits qui ont valu à l’ancien chancelier SPD Schröder les éloges de son collègue du SPD devenu ministre du nouveau gouvernement Merkel sont contenus dans l’ « agenda 2010 », ces lois Hartz qui ont précipité des millions de travailleurs dans la précarité et sévèrement amputé les droits et les allocations des chômeurs : encouragement pour les patrons à recourir à l’intérim, création de mini-jobs à 400 euros mensuels, obligation pour les chômeurs d’accepter n’importe quel travail et même des travaux dits « d’utilité publique » rémunérés à 1 euro de l’heure avec sanctions et pénalités diverses en cas de refus, indemnités de chômage versées pour 12 mois seulement au lieu de 32 mois auparavant (18 mois après 55 ans), réduction de l’aide aux chômeurs de longue durée (qui passe, à partir de 2014, à 391 euros mensuels pour une personne seule et 706 euros pour un couple), voire possibilité de diminuer encore celle-ci si les ascendants ou les enfants ont des économies. Mais restent les cadeaux aux patrons : ceux qui emploient des minijobbers ont droit à une baisse importante des charges sociales, les employeurs qui embauchent des chômeurs de plus de 55 ans étant même entièrement exonérés de cotisations à l’assurance-chômage.

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