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À l’ombre de la coupe du monde de football

22 juin 2006

La Weltmeisterschaft (la coupe du monde cuvée 2006) et les festivités organisées autour tombent à pic pour le gouvernement allemand. Tandis que certains applaudissent aux buts et aux victoires, pressés devant les écrans de télé, chez eux ou dans des bistrots, le gouvernement peaufine des attaques sérieuses contre le système de santé, accompagnées de nouveaux cadeaux fiscaux aux grandes entreprises.

Au programme, l’introduction d’un « fonds de santé » à partir de 2008. Le clou consiste à geler à 6% la contribution patronale tandis que la quote-part des travailleurs monterait à 7,5%, du moins jusqu’à une future augmentation -car le plan précédent fixait 6,5% pour les travailleurs et 6% pour les patrons.

Dans l’avenir, les dépenses de santé des enfants ne seraient plus assurées par l’actuel système paritaire. Partant de l’idée que les patrons n’ont pas à contribuer à la santé des enfants (juste des parents qu’ils exploitent !), c’est l’État et l’impôt qui la prendraient en charge, selon certaines modalités.

Le gouvernement vise aussi à remplir les poches des assureurs privés. Par la restriction générale de la couverture qui incite à contracter des assurances complémentaires. Mais aussi par des mesures ciblées, comme la nécessité de contracter une assurance supplémentaire couvrant des accidents « par sa propre faute ». La notion de responsabilité personnelle est floue et élastique. Où commence-t-elle ? Combien en plus va-t-il falloir payer ? Qui pourra encore payer ? Ceux qui n’ont pas beaucoup d’argent devront y regarder à deux fois. Après avoir dû ajouter au financement partiel de leur retraite par un fonds de pension, il leur faudrait encore financer ce nouveau fonds de santé ?

Les honoraires payés aux médecins sont aussi concernés. À peine introduite la réforme obligeant à payer les visites (alors qu’auparavant il n’y avait rien à débourser) à hauteur de 10euros maximum par trimestre, la tarification est à nouveau augmentée. Le gouvernement envisage maintenant de faire payer 5 euros chaque fois qu’on va consulter. Pénalisation plus lourde pour ceux ou celles qui vont plus de deux fois par trimestre chez le médecin, c’est-à-dire les plus malades, tout particulièrement les personnes âgées. Ce sont elles qui hésiteront ou renonceront à se soigner.

Il y a quelques semaines encore, il était pourtant annoncé que les caisses de maladie avaient réalisé 1,78milliard d’euros de gains l’année écoulée. Qu’à cela ne tienne, la ministre de la Santé Ulla Schmidt (SPD) parlait néanmoins de 2,2 milliards d’euros d’économies à réaliser. Depuis les ambitions gouvernementales ont grandi et il faudrait que les caisses maladie économisent 10 milliards d’euros.

Le grand gagnant sera le monde patronal. Déjà, lors de la dernière « réforme »de la santé, les entreprises privées et publiques avaient été exonérées de quelque 7 milliards d’euros, tandis que la population travailleuse avait dû sortir 11milliards de plus. À noter aussi la proposition issue des rangs de la CDU/CSU que les trois premiers jours de maladie soient pris sur les congés payés (réduits d’autant !).

Ces mesures entrent dans le cadre général des cadeaux gouvernementaux aux grands trusts. L’impôt sur les sociétés anonymes devrait être diminué de moitié. Il ne contribuerait plus qu’à 12,5% des rentrées fiscales, soit un allégement annuel d’au moins 8milliards d’euros. Sans compter que la contribution des entreprises aux caisses de chômage devrait diminuer de 2%. Par contre la TVA sera augmentée : pour chacun dans le milieu populaire, cela voudra dire en moyenne 250euros de moins en poche par an.

Les ministres de la « grande coalition » au pouvoir discutent encore de leur projet. Mais les grandes lignes sont acquises, seules des détails sont controversés. Ce qui est à retenir, c’est l’accord général pour offrir de nouvelles largesses aux grandes entreprises, payées avec la peau des travailleurs et des pauvres puisque ce sera autant de moins dans des caisses assurant déjà cahin-caha leur santé, leur retraite, l’éducation de leurs gosses...

Le monde du travail doit y mettre son holà.

Pauline BAUM

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