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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 87, mai 2013 > DOSSIER : Le symptôme Cahuzac

DOSSIER : Le symptôme Cahuzac

6, c’est mieux que 5 ? Bien timide, Mélenchon !

Mis en ligne le 30 avril 2013 Convergences Politique

Plus fort que la « moralisation » et la transparence mises en avant par Hollande, Mélenchon a rapidement lancé l’idée d’une « marche citoyenne pour la 6e République ». Le choix du 5 mai est déjà tout un programme : il s’agirait de commémorer les états généraux de 1789 (pour donner une teinte « révolutionnaire » mais surtout « nationale ») ainsi que le premier anniversaire de la victoire de Hollande à la présidentielle.

On se frotte les yeux… Faut-il opter entre les vices de la république bourgeoise impérialiste française ? La démocratie colonialiste désuète des troisième et quatrième républiques ? Le bonapartisme présidentiel de la cinquième ? Ou ceux d’une sixième, à l’état de mirage à ce jour. Sachant que la gauche n’a même jamais instauré un minimum de proportionnelle ni davantage donné un droit de vote aux étrangers qui vivent et travaillent en France.

Certes, le Front de gauche critique des mesures du gouvernement Hollande comme l’ANI. Mais en se gardant bien de contribuer à organiser la riposte nécessaire face à cette loi scélérate, en s’alignant sur la seule « tactique » d’interpellation des parlementaires par la CGT. Et chaque fois que les micros se tendent vers son porte-parole, il intervient à sa manière tonitruante sur tout... sauf sur les problèmes de l’heure de la classe ouvrière. Campagne contre un traité européen en septembre, « assises de l’écosocialisme » en janvier pour tendre la main aux Verts, sortie nationaliste sur la « langue de la finance internationale » qui ne serait pas le français à l’occasion du congrès du Parti de gauche...

Et aujourd’hui, le « grand coup de balai » de Mélenchon, tempéré en « grand coup de braquet à gauche » par Pierre Laurent. Il ne s’agirait surtout pas de laisser entendre que la manifestation du 5 mai pourrait avoir un caractère d’opposition au gouvernement. En témoigne la participation d’une partie d’Europe écologie les Verts. Non, le Front de gauche appelle de ses vœux une réorientation de la politique du PS vers la gauche. Toujours en ligne de mire les institutions, les accords possibles au Parlement ou au Sénat, voire un espoir de quelque strapontin ministériel si Hollande voulait bien infléchir sa politique. Sans parler des élections de 2014 qui s’approchent et inquiètent les appareils politiques : sans alliance aux municipales avec le Parti socialiste, bien des élus locaux, surtout du PCF, risqueraient bien de perdre leurs postes.

Les mots d’ordre du 5 mai ? La 6e République, donc . Chère à Montebourg il y a quelques années (mais il s’est rapidement fait à un poste ministériel dans la 5e), c’est la nouvelle marotte de Mélenchon. Il l’appelait déjà de ses vœux à la manifestation de la Bastille le 18 mars 2012.

Bien loin d’un big-bang, le programme du Front de gauche est un catalogue de réformes institutionnelles... Il y est question d’une république parlementaire et non présidentielle, avec un système électoral à la proportionnelle, de la transformation du Sénat en « chambre relais des collectivités locales et des initiatives citoyennes », d’une refonte du Conseil constitutionnel, une transformation du Conseil supérieur de la magistrature en Conseil supérieur de justice (mais si, c’est différent !), de non cumul des mandats et de quelques autres mesures du même ordre.

Dans ce programme, absolument tout est compatible avec la société capitaliste et avec les politiques d’austérité. Bien des pays d’Europe ont un régime que l’on pourrait qualifier de « parlementaire », avec un système électoral teinté de plus ou moins de « proportionnelle », à commencer par l’Allemagne. La bourgeoisie française a eu, elle aussi, ses régimes parlementaires comme les 3e et 4e Républiques, avec des gouvernements qui ont mené des politiques contre les travailleurs et mené des guerres impérialistes. Avec aussi toute une série de scandales !

Se placer d’abord sur le terrain des institutions est une manière pour le Front de gauche de ne pas poser les problèmes en termes de classes sociales et de lutte contre la société capitaliste. Il prend une posture verbalement radicale, pour ne pas désigner clairement les véritables ennemis des travailleurs, patronat et gouvernement à son service.

19 avril 2013, Michel CHARVET

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