Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 108, novembre 2016 > Ecoles

Ecoles

Absentéisme des enseignants ? Moins qu’ailleurs, mais pas assez de remplaçants titulaires

Mis en ligne le 10 novembre 2016 Convergences Société

Une campagne de presse sur l’absentéisme des enseignants s’est amorcée cet automne, alors que la ministre Najat Vallaud-Belkacem s’apprête à annoncer des mesures sur le remplacement des enseignants absents.

La campagne fait pschitt…

Ô surprise ! Loin de remporter le bonnet d’âne, les enseignants se situent plutôt dans la moyenne avec 6,6 jours d’arrêt-maladie par an, contre 8 pour les flics ou 8,7 pour les agents du ministère de la Justice. Ce sont les services du Premier ministre qui remportent la palme avec 10 jours d’arrêt par an. Le taux moyen d’absentéisme pour arrêt maladie des enseignants reste sous la moyenne : 3,2 % au lieu de 3,6 % pour l’ensemble des salariés. Contrairement à ce qu’affirme la presse, les salariés du privé sont souvent au-dessus de la moyenne : 4,0 % dans la construction, 3,9 % dans la restauration et 3,8 % dans l’industrie manufacturière [1]. La Dares [2], le service statistique ministériel, intitule son rapport « Les absences au travail des salariés pour raisons de santé : un rôle important des conditions de travail ». On comprend mieux pourquoi le secteur sanitaire et social l’emporte haut la main, avec 4,6 % de salariés en arrêt-maladie…

Pourquoi le ministère laisse additionner carottes et patates

Mais alors sur quoi se basent les articles décrivant des profs aux abonnés absents ? D’une part, ils comptabilisent les congés maternité. Or, 58 % des profs de collège et lycée (le second degré) sont des femmes, et 84 % des profs du 1er degré sont des institutrices. D’autre part, ils tendent à assimiler à l’absentéisme les heures de cours perdues lorsque les enseignants sont en formation ou absents pour « nécessité de service », par exemple parce qu’ils accompagnent une autre classe en sortie scolaire, ou font passer un examen.

En réalité, depuis plusieurs années, les services du ministère de l’Éducation nationale rêvent de positionner l’essentiel des formations hors temps de classe. Premier problème : même avec un catalogue de formations minables par rapport au reste de la fonction publique [3], il est impossible de toutes les caser le mercredi après-midi – avec la réforme des rythmes scolaires, il n’est en effet plus possible de réquisitionner les instits le mercredi matin. Deuxième problème : les enseignants consacrent déjà ce temps à préparer leurs cours. Se taper à la place la propagande pour la réforme du collège ? Non, et pas merci !

Le vrai problème : le manque de remplaçants…

Dans le premier degré, le principal syndicat enseignant évalue à 2 000 le nombre de remplaçants manquants. Dans le second degré, la possibilité de libérer les élèves dont le prof est absent, ou de les confier à un surveillant a permis de ratiboiser encore davantage le corps des profs remplaçants, les TZR (Titulaires sur zone de remplacement) dans le jargon administratif. Ceux-ci, au lieu de remplacer les absences, sont de plus en plus affectés à l’année pour boucher les trous laissés par les suppressions de postes fixes. Néanmoins, ils couvrent 96 % des absences de plus de 15 jours. En revanche, les absences de moins de 15 jours ne sont couvertes par ce système… qu’à 20 %. La conclusion s’impose : recruter davantage de TZR et leur permettre d’intervenir plus tôt. Najat Vallaud-Belkacem a choisi le contraire : l’appel aux heures sups, quitte à faire enseigner l’anglais par un prof de maths ou l’inverse… ■

15 octobre 2016, Mathieu PARANT


[1 Rapport no 009 de la Dares, février 2013. Cité par Balla Fofana, « Les profs sont-ils vraiment plus absentéistes que les autres ? », Libération, 19 octobre 2016.

[2 Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).

[3 L’instit blogueur Lucien Marbœuf pointe le décalage : 8,9 % des fonctionnaires en formation un jour de mars 2010 contre 0,7 % des enseignants. http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs, post du 19 mars 2016 « Les profs moins absents que les autres salariés ».

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 108, novembre 2016

Mots-clés