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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 57, mai-juin 2008 > DOSSIER : 1968-2008 : 40 ans de prolétarisation de la société et de luttes de (...)

1968-2008 : 40 ans de prolétarisation de la société et de luttes de classe

En un demi siècle, le monde du travail s’est transformé. Il y a moins d’ « ouvriers » : 24 % des emplois contre 39 % au début des années 1960. L’accroissement de la productivité, les délocalisations et la fermeture des mines en ont fait chuter le nombre. Mais la désindustrialisation n’est pas aussi forte que certains discours le disent. Les intérimaires ne sont souvent pas comptés, ni l’externalisation de tâches annexes comme le ménage ou la restauration d’entreprise, qui a fait passer certains de la catégorie « personnel de l’industrie » à la catégorie « services », sans rien changer à la réalité. De nouveaux secteurs, longtemps restés aux mains de l’artisanat, ont même été conquis dernièrement par l’industrie, en particulier les plats préparés ou l’ameublement. Cela dit, la majorité des ouvriers travaillent maintenant dans le tertiaire, à piloter des trieuses de courrier, réparer des rames de métro...

Ce demi siècle, le développement du tertiaire a aussi accru la catégorie « employés », passée de 18 % des emplois à 29 %. La plupart sont des femmes n’ayant ni un revenu plus élevé ni un milieu social différent des ouvriers.

Tertiarisation et robotisation des tâches n’ont pas rendu le travail plus facile pour la majorité des travailleurs du rang. Le travail non qualifié prend un nouvel essor depuis 1994 et dépasse son niveau du début des années 1980. C’est la multiplication des petits emplois du tertiaire : assistantes maternelles (car les femmes travaillent davantage), caissiers, agents d’entretien, manutentionnaires, agents de sécurité, serveurs, plongeurs (la restauration rapide s’est développée avec l’éloignement domicile-travail).

Par ailleurs, les progrès technologiques ont poussé au développement d’emplois très qualifiés. Depuis une cinquantaine d’années, les cadres et professions intellectuelles sont trois fois plus nombreux, tandis que les techniciens, agents de maîtrise, infirmiers, fonctionnaires de catégorie B ont doublé. L’ensemble est passé de 16 à 38 % des emplois. Ils n’ont pas pour autant pris la place de l’ « exécution », dont la baisse est restée limitée (53 % d’ouvriers et employés contre 57 % au début des années 1960). Ce sont les travailleurs indépendants (artisans, commerçants, agriculteurs et petits patrons) qui sont en voie de disparition : ils ne représentent plus qu’un dixième des emplois, contre le quart à l’époque.

Le salariat est plus nombreux que jamais. Les salariés très qualifiés, parfois bien rémunérés, subissent à leur façon le joug du capital, voient leurs conditions de travail se dégrader, avec une pression morale et des cadences accrues.

Bien sûr, quelques milliers de cadres améliorent leurs revenus avec des actions ou un patrimoine immobilier, qui leur permettent de recevoir quelques miettes des profits du capital. Le clivage est grand, au sein du salariat, entre la grande majorité qui gagne juste assez pour couvrir ses dépenses courantes et la poignée qui a pu épargner pour se doter d’un petit patrimoine. En revanche, on est loin des élucubrations sur l’épargne salariale, la participation, l’actionnariat salarié ou encore le « salarié capitaliste » d’autant plus capable de comprendre le point de vue du capital qu’il en partagerait les profits. Dans la réalité, l’immense majorité n’accédera jamais à la moindre parcelle de vie de rentier (et n’en rêve pas non plus !).

La classe ouvrière n’est pas en voie d’extinction. Bien au contraire !

Maurice SPIRZ

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